Pourrons-nous un jour Déviriliser le monde ?
Mais que veut dire déviriliser ?
Pour mon Petit Robert déviriliser c’est: Efféminer-émasculer
Est ce vraiment cela que Céline Piques dans son livre « Déviriliser le monde » publié en janvier 2022 aux Editions « Rue de l’échiquier » souhaite ?
Nous allons voir cela !
Céline Piques, économiste et féministe, présidente de la commission Violences du Haut Conseil à L’Égalité et membre de l’association « Osez le féminisme » part du constat que la domination patriarcale, capitaliste et néolibérale qui gère le monde actuellement, se nourrit de l’idéologie viriliste. C’est à dire une idéologie de l’homme.
En latin Vir se traduit par homme.
L’éducation des jeunes garçons s’appuie sur la violence, le rapport de force à l’autre, la domination de l’autre et la domination de leurs propres sentiments.
Céline Piques examine crûment la réalité des chiffres :
En France 96%de la population carcérale est masculine
En France les hommes sont responsables à 99% des viols et de 97% des violences sexuelles.
En France, les hommes sont responsables à 95% des vols de véhicules, et 99% des incendies volontaires.
Le terrorisme, le grand banditisme, le trafic d’armes, de drogues ou la grande délinquance en cols blancs sont aussi de la responsabilité des hommes. (La délinquance en col blanc, ce sont des pratiques délictives dans les affaires ou sur le plan fiscal des classes sociales élevées en opposition avec celles plus visibles et plus réprimées des pauvres. C’est le système et la pratique de criminalité la plus violente de notre société. Provoquant des conséquences sociales et économiques terribles, mais elle est aussi la moins condamnée)
La violence est essentiellement masculine.
Le coût direct des dépenses en police, justice et santé pour gérer ces infractions, est de 95 milliards d’euros par an, supportée par l’état et la société, donc par nous toutes et tous, sans compter les souffrances physiques et psychologiques des victimes et des collatéraux qui ne peuvent être chiffrées en euros.
Il n’est absolument pas question dans ce livre de mysandrie – c’est à dire d’éprouver de l’aversion pour les personnes de sexe masculin, ou de haine des hommes. Les femmes ne veulent ni les efféminer ni les émasculer.
Il est question ici de trouver un équilibre dans lequel toutes les femmes auront la place qu’on leur dénie depuis des millénaires et où tous les hommes seront débarrassés de l’injonction d’être insensibles, d’être les plus forts, les premiers, les meilleurs… Nous sommes encore loin d’une éducation de la coopération, de la solidarité pour les petits mâles de notre espèce
Malheureusement actuellement, nous remarquons que, plus les femmes s’expriment dans les lieux publiques, plus elle demandent une reconnaissance salariale égale à celle des hommes, plus elles prétendent vivre une sexualité libre et choisie, plus elles revendiquent une juste égalité dans le partage des tâches ménagères et éducatives, plus elles exigent des actes et des lois contre les violences sexistes et sexuelles qui leurs sont faites, et plus la réaction politique viriliste, masculiniste de certains hommes se fait entendre et plus les droits des femmes sont bafoués dans tous les pays du monde.
Certes les hommes ont beaucoup à perdre: leur impunité et leur domination du corps des femmes. Le pouvoir exercé par les hommes dans la vie quotidienne est un pouvoir qui est institutionnalisé. Il est protégé par la loi, par les religions, par les universités et par la police.
Céline Piques déclare : « Demain sera féministe ou ne sera pas » ainsi que l’indique le sous-titre de cet ouvrage.
Je la cite : « L’enjeu du féminisme est d’exiger que les femmes ne soient ni des objets sexuels soumis au désir masculin, ni des matrices utérines assignées à un rôle de reproduction, ni des mères astreintes au travail domestique et parental gratuit. »
C’est pourquoi, être féministe, ce que nous défendons ici, dans cette émission, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes, une vraie égalité sociale, économique, sexuelle, politique. C’est aussi défendre une vraie justice, c’est déconstruire les stéréotypes de genres : on ne nait pas femmes ou hommes on le devient. Le genre est une construction sociale.
Être féministe c’est aussi lutter pour une société plus écologique, où la domination, la prédation et la destruction patriarcale de la nature et des femmes n’existerait plus et, où serait valorisé le soin, la coopération, l’attention à l’autre et à la terre.
Je cite à nouveau Céline Piques « Comme l’écologie, le féminisme a la particularité de susciter beaucoup de promesses politiques, rarement suivies d’effet. »
Aujourd’hui, il n’est plus temps d’attendre. Stop aux moratoires de la pensée et de la prise de conscience : il faut agir maintenant et fermement pour créer
« Un monde féministe, équitable et écologiquement soutenable »
Ce texte, très intéressant est abordable et se lit facilement. Je pense nécessaire d’y
revenir régulièrement pour travailler aussi sur notre façon de penser le féminisme. Et pour approfondir la réflexion de chacune et chacun sur l’éducation des enfants et les amener à avoir une vision plus égalitaire et moins genrée du schéma Homme/Femme.
Céline Piques soutient son propos en citant des textes de référence du matrimoine féministe d’Andrea Dworkin à Gisèle Halimi sur le viol et l’avortement, de Christine Delphy sur l’exploitation domestique, et d’Adrienne Rich sur le lesbianisme, à Silvia Federici et Émilie Hache sur l’écoféminisme.
Mais elle renforce ces références en témoignant par des récits vivants de luttes menées sur le terrain, pour ouvrir une réflexion critique sur la société patriarcale, pour lutter contre les représentations de genre et construire une politique résolument féministe.
Ce livre est pensé comme un manifeste féministe politique.
Il trace des perspectives ambitieuses et propose des solutions concrètes en cinq axes majeurs.
Lutter contre les violences masculines
Lutter contre les violences prostitutionnelles et pornocriminelles
Se réapproprier nos corps, pour se réapproprier nos sexualités et notre fécondité.
Se réapproprier notre travail et repenser la famille
Se réapproprier nos vies
Je vous conseille donc de lire ce petit livre de 100 pages et de le faire circuler pour en discuter avec vos proches et vos lointains, vos amis et vos ennemis.
« Déviriliser le monde » aux Editions « Rue de l’échiquier » 12€ écrit par Cécile Piques